definition imagedefinition imagedefinition image
Béjaïa ou Bougie (en berbère : ⴱⴳⴰⵢⴻⵜ [Vgayet ou Bgayet ], en arabe : بجاية,) est une commune algérienne située en bordure de la mer Méditerranée, à 220 km à l'est d'Alger. Elle est le chef-lieu de la wilaya de Béjaïa et de la daïra de Béjaïa, en Kabylie.
Connue à l'époque romaine sous le nom de Saldae, elle est promue capitale du royaume vandale avant d'être islamisée au viiie siècle. Cité berbère modeste, elle devient une prestigieuse capitale sous les Hammadides au xie siècle et un foyer religieux, commercial et savant de la Méditerranée. Après un intermède almohade, elle redevient la capitale d'une branche des Hafsides.
Réputée en Europe pour la qualité de ses chandelles faites de cire d'abeille — auxquelles elle a donné son nom : les bougies — Béjaïa a également joué un rôle important dans la diffusion en Occident des chiffres arabes et des savoirs mathématiques locaux. Au Moyen Âge, des savants comme Raymond Lulle, Fibonacci et Ibn Khaldoun y étudient.
Après un déclin progressif et relatif amorcé au xve siècle (du fait notamment de reconfigurations dans le commerce mondial), Bejaïa conquise par les Espagnols en 1510 subit dès lors un net déclin qui se prolongera avec la reconquête par la régence d'Alger en 1555. Elle perd substantiellement sa culture savante ; ses grands établissements d'enseignement ne sont plus, ses grandes personnalités scientifiques n'y sont plus (partis en d'autres grandes cités du Maghreb et du Proche-Orient) ; seule subsiste l'institution théologique décentralisée des zaouïas. Elle est éclipsée, à l’échelle du Maghreb Central, par Alger siège du pouvoir politique et de la marine. Elle continue de tirer un certain prestige de ses mystiques religieux et de l'exportation du bois issu de l'arrière-pays. Elle est prise par les Français en 1833. Elle continue alors son déclin pour n'être plus qu'une ville portuaire moyenne, exportant des productions agricoles locales, puis renoue avec un certain dynamisme à la fin du xixe siècle.
Lors de l'indépendance du pays, en 1962, elle retrouve un rôle culturel. En effet, grande ville berbérophone, elle devient un des foyers de la revendication identitaire berbère. Elle redevient aussi, progressivement, un port de première importance, talonnant celui d'Alger et devançant Oran.
Avec ses 177 988 habitants au dernier recensement de 2008, Béjaïa est la plus grande ville de Kabylie et « capitale » de la Petite Kabylie. Elle est aussi, grâce à sa situation géographique, le plus important pôle industriel de la région, notamment par la concentration de nombreuses industries, et la présence d'un des plus grands ports pétroliers et commerciaux de Méditerranée. Elle est également dotée d'un aéroport international.

Situation :
Béjaïa doit son existence à son site portuaire remarquable qui fait également sa prospérité. Elle est située dans une baie en faucille protégée de la houle des vents du large (orientés nord-ouest) par l'avancée du Cap Carbon (à l'ouest de la ville). La ville est adossée au mont du Gouraya situé dans une position nord-ouest. Ce site portuaire, dans l'une des plus belles baies du littoral maghrébin et méditerranéen, est dominé à l'arrière-plan par les hautes montagnes du massif des Babors. Un autre avantage est que la ville est le débouché de la vallée de la Soummam, un couloir géographique orienté sud-ouest. Cependant, depuis l'époque où la ville fut une capitale, il existe un divorce entre la ville et la région (Kabylie) lié à la difficulté de s'assurer un hinterland. À une échelle macro-régionale, la ville est dos à la région : sa position à l'extrémité de la Soummam la place à l'interface entre Grande et Petite Kabylie. Mais ces deux ensembles sont renfermés sur eux-mêmes et se cherchent des capitales intérieures (Tizi-Ouzou, Akbou, Kherrata...) en se détournant du littoral. La ville possède en quelque sorte un faible enracinement local ; les proximité rurales de la ville se limitent à 4 ou 5 communes.À l'échelle micro-régionale, Béjaïa est le débouché d'une Algérie médiane, allant d'Alger à Skikda, déversoir des Hauts-Plateaux et port d'approvisionnement de 2 millions de personnes. Mais la liaison est complexe : au sud-est les échanges avec Sétif ne se font qu'à travers les gorges escarpées de Kherrata ; une autre voie emprunte la Soummam, puis à l'est les Portes de Fer et la remontée vers Bordj Bou-Arreridj, c'est ce chemin qui est emprunté par la route nationale et la voie ferrée. Ces contraintes topographiques font que, malgré son fort dynamisme, la ville voit une partie des échanges lui échapper sur ses aires d'influences est et ouest.
L'aire urbaine couvre une superficie de 12 022 hectares. Béjaïa est située à 181 km à l'est de la capitale Alger, à 93 km à l'est de Tizi Ouzou, à 81,5 km au nord-est de Bordj Bou Arréridj, à 70 km au nord-ouest de Sétif et à 61 km à l'ouest de Jijel . Les coordonnées géographiques de la commune au point central de son chef-lieu valent respectivement 36° 45′ 00″ Nord et 5° 04′ 00″ Est.

Toponymie:
Béjaïa est un toponyme arabe dérivé du toponyme berbère (variante kabyle) Bgayet, notamment par translittération (voir Transcription et translittération) du son ǧ en dj (ج). Ce nom berbère — qui aurait été à l'origine Tabgayet, mais dont le t initial marquant le genre féminin serait tombé en désuétude — serait issu des mots tabegga, tabeɣayt, signifiant « ronces et mûres sauvages » .
Le nom de Béjaïa aurait ainsi à l'origine la même racine berbère que d'autres noms de villes du Maghreb, tels que Dougga (Thouga) et Béja (Vaga) en Tunisie ou Ksar Baghaï (Bagaï) dans les Aurès.
Dans les langues romanes médiévales, Bugaya (de l'arabe Bugāya ; en espagnol Bujía et en italien Bugía) est le nom donné à la ville qui fournissait une grande quantité de cire pour la fabrication des chandelles. Bougie sera la forme française de cette transcription du nom arabe. Progressivement il va s'appliquer à la désignation de la cire qui était importée au Moyen Âge pour la fabrication des chandelles en Europe ; elles sont dès lors couramment désignées en français par le mot « bougie ».

Climat et Hydrographie:
La ville fait partie du bassin versant de l'oued Soummam. Béjaïa et la vallée de la Soummam inférieure bénéficient d'un climat méditerranéen. Il est généralement humide avec un léger changement de température saisonnier. Les température moyennes son globalement douces et varient de 11,1 °C en hiver à 24,5 °C en été.
Outre le fleuve Soummam qui répond suffisamment aux besoins agricoles dans les environs de la ville, Béjaïa est située dans la Kabylie maritime et bénéfice d'une pluviométrie assez favorable comparée au reste du pays. La pluviométrie de la région peut aller de 800 mm à 1 200 mm, mais certaines sources locales tendent à s'épuiser du fait de l'augmentation de la demande. La ville tire également ses ressources hydrauliques de l'arrière-pays montagneux et de diverses sources, comme celle de Toudja qui fut reliée dans l'Antiquité par un aqueduc à la ville antique (Saldae).

Réseaux de communication:
La ville de Béjaïa est reliée à Alger, Tizi Ouzou, Bouira, Sétif, Jijel et plusieurs localités kabyles par un important réseau routier. Elle possède une gare routière. Des lignes de bus la relient aux villes du grand sud algérien, notamment Hassi Messaoud, Ouargla, Ghardaïa, Laghouat, Djelfa et Bou Saada.
La commune de Béjaïa est desservie par plusieurs routes nationales. Certaines empruntent des vallées et des gorges qui constituent des zones de passage naturelles : la route nationale 9 (route de Sétif), qui passe par le littoral puis les gorges de Kherrata jusqu’à Sétif, et la route nationale 24 (route de Béjaïa), qui traverse la vallée de la Soummam, Bouira, puis Alger à l'ouest, ou Bordj Bou Arreridj à l'est. D'autres empruntent des reliefs plus escarpés : la route nationale 12 (route de Tizi Ouzou), passant par la fôret de Yakouren et ses montagnes puis Azazga, Tizi-Ouzou jusqu'à Boumerdès, et la route nationale 75 (route de Batna), passant par Barbacha et les montagnes de Petite Kabylie pour déboucher à Sétif et rejoindre les Hauts-Plateaux jusqu'à Batna. Un projet d’autoroute est en cours de réalisation pour désengorger la route de Béjaïa, axe principal entre la capitale et l'Est du pays, et permettre de relier la ville et son port, l'un des plus importants d'Algérie, à l’autoroute Est-Ouest algérienne.
Béjaïa possède une gare ferroviaire, terminus de la ligne Beni Mansour-Bejaia, créée en 1889 et sur laquelle circule un autorail reliant les gares de la région : Beni Mansour, Tazmalt, Allaghan, Akbou, Lazib Ben cherif, Ighzer Amokrane, Takriets, Sidi Aich, Ilmaten et El Kseur.L’interconnexion, à Beni Mansour, avec la ligne Alger-Skikda, permet l’accès à l’ensemble du réseau ferroviaire algérien par des liaisons directes à la capitale algérienne, à l’ouest, et à Sétif, au sud-est. Un train régional reliant spécifiquement Béjaïa à sa périphérie est également en service ; il a été conçu pour désenclaver l'est de la région. La ligne bénéficierait d'une quinzaine d'aller-retours quotidiens et devrait desservir les gares de la ligne Beni Mansour-Bejaia.
Béjaïa dispose d'un aéroport international situé à 5 km au sud de la ville. Il a d'abord été dénommé « aéroport de Béjaïa - Soummam » entre 1982 et 1999, du nom du fleuve Soummam qui se jette dans la Méditerranée à proximité de Béjaïa. Il a été inauguré en 1982 pour les vols nationaux et en 1993 pour les vols internationaux. Il a été renommé « aéroport de Béjaïa - Soummam - Abane Ramdane » en 1999, en hommage à l'homme politique algérien qui a joué un rôle essentiel dans l'histoire de la guerre d'indépendance algérienne.

CE SITE A ÉTÉ CONSTRUIT EN UTILISANT